novembre, 2015

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Formation Cynophile : un état alarmant !

Alors que les attentats du vendredi 13 novembre 2015 ont, soudain, sensibilisé le pays sur des besoins en matière de sécurité publique et privée, il apparaît alarmant de constater le peu de qualité actuel dans la branche cynotechnique et dont l’Etat pense devoir déléguer des responsabilités conséquentes de sécurisation à l’avenir.

Il est important de pouvoir compter sur les effectifs de sécurité privée qui fournissent un concours non négligeable dans la sécurisation et la protection des biens et des personnes, mais cela fait plusieurs années que nous alertons sur l’efficacité des formations cynotechniques et le recrutement des futurs agents cynophiles de sécurité. Il est regrettable de constater que bon nombre de futurs agents cynophiles se présentent en formation sans aucune attirance réelle pour le chien, et sans connaissance basique du monde canin. Plusieurs candidats ne cachent pas leur volonté de gagner mieux leur vie sans aucune envie particulière de vouloir travailler avec un chien, considérant même celui-ci comme un accessoire nécessaire à la profession uniquement. Or, le chien est un être vivant qui dépend vraisemblablement de son maître et conducteur, et cela implique sa responsabilité, ce qui semble souvent être négligé.
Certains pensant même qu’en achetant un chien « complet » au prix fort, pourront se reposer sur le savoir-faire de leur chien, à tort. Mais, ce qu’ils oublient c’est que le binôme est complémentaire ! Le chien d’intervention doit compter sur son conducteur pour l’aider dans la neutralisation d’un individu et ne pas regarder passivement comme dans un sport canin. Le chien ne fait pas tout, le conducteur doit participer activement en intervention et dans la prévention, notamment du point de vue sécurité de son animal et des facteurs l’entourant. Il doit y avoir obligatoirement une symbiose dans le binôme, sans cela pas de réussite dans la mission. Sans évoquer le nécessaire entretien, il en va de soi. Il ne s’agit pas d’un objet ou d’un outil de travail que l’on utilise pour intervenir et que l’on range ensuite dans un placard, mais d’un être vivant qui fluctue et dépend énormément de son maître et des conditions de son utilisation journalière.

Malheureusement, les formations actuelles ont tendance à baisser le niveau de leur cursus afin de pouvoir rendre la certification plus accessible au plus grand nombre, car l’on recherche à avoir plus de candidats et accessoirement de profits. Pour des raisons de facilitation, on a quasiment négligé la qualité de la formation et des futurs agents cynophiles.

La « spécialité » cynophile qui comme son nom l’indique est une spécialisation dans la fonction de conduite d’un chien d’intervention se doit de comporter des agents capables de conduire, d’entretenir et de maintenir la formation de leur chien. Pour cela, il est important de filtrer à l’entrée en formation de futurs agents cynophiles de sécurité, en imposant des tests pré-selectifs qui puissent garantir que le futur agent cynophile soit compétent et responsable dans la conduite et la connaissance d’un chien d’intervention.
On voit encore des agents cynophiles avoir peur de leur chien, négliger l’entretien et parfois devenir dangereux sur la voie publique par manque de compétences. A l’heure actuelle, les centres de formations ont régulièrement des candidats totalement inappropriés pour la spécialité cynophile et dont on constatera l’inefficacité en cas de véritable utilisation. De plus, les formateurs conscients de cela n’entraînent pas volontairement les chiens en déconditionnement, par peur de voir ces chiens mordre et devenir incontrôlables sur la voie publique parce que l’on sait que le candidat n’a aucune notion de responsabilité sur son chien.
Par conséquent des chiens non déconditionnés qui, face à un véritable danger ne pourront être utilisés en cas d’intervention avérée et fuiront devant une situation qu’ils ne connaissent pas, créant ainsi une menace supplémentaire.

Dans les conditions de menaces actuelles, il est impératif de relever ce niveau et d’exiger de véritables cynophiles en formation avec des chiens d’intervention véritablement opérationnels sur le terrain, sans pour autant réduire drastiquement les effectifs à un socle « d’élite » inabordable. L’important étant de relever le niveau à des exigences professionnelles satisfaisantes et plus crédibles.

Les pistes sont évidentes :

  • De « vrais » tests pré-sélectifs d’entrée en stage avec un minimum de connaissances en matière cynotechnique.
  • Entretien sur la motivation réelle du candidat à vouloir travailler avec un chien.
  • Formation et certification du chien d’intervention à l’instar de l’exemple hollandais et de l’association KNPV.
  • Certification de l’équipe cynophile par un jury spécialisé dépendant d’une association indépendante, dans un contexte réelle (examen théorique et pratique en situation semi-réelle).

Si l’état doit pouvoir compter sérieusement sur des équipes cynophiles privées aptes à intervenir et à répondre à des missions de sécurisation, il faut impérativement revoir la certification de cette spécialité qui reste à l’heure actuelle très en deçà des autres pays européens possédant de vrais spécialistes cynotechniques.